DECLARATION
Dans la nuit du 27 au 28 novembre 1990, à INAL, 28 militaires noirs sont pendus par leurs « propres frères d’arme arabo-berbères », au nom de l’État, en guise de célébration du 30ème anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté internationale.
Ce faisant, le régime sanguinaire arabo-berbère du Colonel Maawouya OULD SID’AHMED TAYA qui a entamé un génocide contre la communauté négro-africaine du pays dès l’année 1986, a voulu marquer l’institution définitive d’un État mauritanien exclusivement arabe. La date du 28 novembre, qui devait être le socle symbolique de l’unité de tous les Mauritaniens, est devenue un jour de douleur, de deuil et de grande tristesse pour toute la communauté négro-africaine.
En effet, pendant que la Mauritanie officielle et des pans entiers de la population paradent pour célébrer l’anniversaire de l’indépendance, une autre grande partie du peuple se recueille dans le deuil et les prières en commémoration de ces crimes qui marquent le point culminant de la page la plus abjecte de l’histoire de la Mauritanie.
Depuis cette sinistre nuit d’INAL, les veuves, orphelins et ayants-droits des victimes des purges ethniques, ainsi que toutes les organisions des droits de l’homme, civiles et politiques, engagées pour les causes d’équité et de droits ne cessent de réclamer Justice, mais en vain. Cette épuration ethnique, faut-il le rappeler, ne s’est pas limitée à l’armée, mais a transformé la vallée du fleuve et tous les recoins du pays où habitent et travaillent les négro-mauritaniens, en territoires de non droit, de viols, d’humiliations de toutes sortes, d’accaparement des terres cultivables et d’exécutions sommaires.
A cette occasion, nous exprimons notre colère, notre révolte et notre cri de voir l’État mauritanien persister dans son manque de courage à assumer ses responsabilités. Nous estimons qu’il n’y a aucune volonté politique de résolution de la tragédie vécue par la composante négro-mauritanienne noire, par des gestes significatifs et des actions concrètes. Au contraire, il y a des tentatives de manipulations et de divisions des victimes, pour que la justice ne soit pas rendue. Nous en appelons aux organisations politiques, associatives, aux victimes et à la communauté internationale pour que la justice fasse son travail. Personne ne pourra pardonner des crimes dont les responsabilités n’ont pas été identifiées : Justice avant le pardon.
Cette date, le 28 novembre n’est plus celle de l’honneur, de la dignité et de la fierté de notre pays, mais celle de la honte, de la trahison et de l’inhumanité. Il faut changer de sens et de symbole pour célébrer l’indépendance nationale.
Nous exigeons du gouvernement mauritanien l’application du devoir de vérité, du devoir de justice, du devoir de mémoire, des réparations matérielles et morale pleines et entières.
Nous demandons aux autorités qataris l’expulsion, au mieux l’arrestation et le déferrement de Maawouya OULD SID’AHMED TAYA, principal auteur du génocide mauritanien, qui vit en reclus au Qatar où l’Émir lui a accordé l’asile politique.
Les organisations signataires :
LE COMITE INAL , AVOMM, ARMME, CAMME,OCVIDH, ODH, VOIX, MURITANI MIN NJEJJITTAA, FLAM,FPC, AJDM/R, PLEJ, AFMAF, IRA
Paris, le 27 novembre 2022

