Un inquiétant retour de l’autoritarisme en Mauritanie

La politique d’ouverture du gouvernement mauritanien aura été de courte durée. En début d’année, la reconnaissance légale d’IRA, l’inculpation pour corruption et la détention de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, puis la tenue à Nouakchott d’un G5 Sahel contre l’esclavage, ainsi que l’annonce de la levée de l’interdiction de partis politiques, avaient donné l’espoir d’un tournant démocratique en Mauritanie. Hélas, ce mouvement a connu un arrêt brutal avec la nomination d’un nouveau ministre de l’Intérieur au mois de mai. Aussitôt ses fonctions prises, Mohamed Ahmed O. Mohamed Lemine a en effet envoyé un émissaire à Biram Dah Abeid pour lui dire qu’à la différence du régime du président Aziz, qui l’avait relâché de prison, celui du nouveau président Ghazouani ne le laisserait pas sortir vivant s’il était à nouveau incarcéré. IRA France-Mauritanie dénonce avec la plus grande indignation ces menaces de mort.

Depuis, une loi limitant la liberté d’expression a été votée par le parlement, où le parti INSAF au pouvoir détient une écrasante majorité. Des blogueurs ont ainsi pu être arrêtés, emprisonnés, condamnés à de lourdes peines. Dénoncer le racisme et les discriminations, critiquer le président et autres autorités, comme tout symbole de l’Etat, sont devenus des délits.

La question de l’état civil reste également un problème fondamental. L’ancien président Aziz ne facilitait pas l’obtention de papiers d’identité par les Haratines ou les Négro-Mauritaniens. Après avoir promis une réforme pour donner des papiers à tous les Mauritaniens, et ouvert des centres d’état civil dans de nombreuses localités, le pouvoir de Mohamed Ould Ghazouani les a fermés, n’en conservant qu’un par département. Ceci oblige à des déplacements trop coûteux pour une partie de la population. Ainsi, de nombreuses personnes se trouvent sans existence civile, sans droit de vote, sans accès aux soins, et leurs enfants ne peuvent être scolarisés.

Si les tenants du système tentent de conserver leurs prérogatives avec ces mesures iniques, la société mauritanienne quant à elle aspire au changement, y compris les jeunes générations arabo-berbères qui semblent de plus en plus conscientes de cette nécessité. Lors d’une tournée à travers le pays, Biram Dah Abeid, président d’IRA, et Oumar Yali, président du parti RAG, ont pu constater l’ampleur de l’adhésion aux valeurs qu’ils portent. C’est sans doute ce qui inquiète le pouvoir en place.

Ne laissons pas ce virage vers la démocratie se transformer en un demi-tour vers l’autoritarisme !

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