L’actualité est riche depuis notre dernière lettre d’information.
En Mauritanie
- Tout d’abord, ce qui pourrait être une formidable nouvelle : le décret gouvernemental permettant l’application de la loi sur le nouveau régime de déclaration des associations vient d’être publié. Ce décret rend possible la reconnaissance d’IRA. Mais comme souvent quand il s’agit de droits humains et d’esclavage en Mauritanie, il y a loin de la loi à son application : cette fois, ce sont des problèmes d’ordinateur qui sont mis en avant par le Ministère de l’Intérieur pour empêcher d’enregistrer la demande déposée par nos amis sur place !
- Des tensions ont dégénéré en violences dans le sud du pays, dans la communauté soninké dans laquelle des « nobles » s’appuyant sur la tradition continuent de traiter en tant qu’esclaves certains villageois et revendiquent, en toute impunité, la légitimité de l’esclavage, y compris en organisant des scènes de lynchage. Là encore, IRA a appuyé les victimes, les défenseurs locaux et dénoncé fermement la complicité des autorités qui garantissent l’impunité à ceux qui font l’apologie de l’esclavage, en contradiction flagrante avec les lois du pays.
- La révélation d’un nouveau cas d’esclavage a fait grand bruit. Une jeune femme fuyant l’esclavage a cherché refuge auprès d’IRA. Après de nombreuses péripéties, un engagement sans failles d’IRA au niveau local et national, Marième Mint Cheibani a enfin pu retrouver ses enfants et elle est hébergée et protégée à Nouakchott chez Biram, comme c’est souvent le cas. Les autorités ont été obligées de réagir, son « maître » et sa fille viennent enfin d’être arrêtés et inculpés de pratiques esclavagistes. Pour plus de détails, vous pouvez prendre connaissance du communiqué de presse que nous avons publié très rapidement et de celui auquel nous nous sommes associés, publié par une coordination d’associations africaines luttant contre l’esclavage et ses séquelles.
- Un nouvelle situation d’esclavage foncier a engendré beaucoup de violence dans le sud du pays : une nouvelle fois, avec l’appui des autorités locales, de riches propriétaires terriens ont cherché à s’accaparer des terres travaillées par des noirs depuis des générations. IRA a soutenu les justes revendications et dénoncé les violences en envoyant une délégation sur place et en interpelant le gouvernement.
- Nous poursuivons bien sûr notre soutien financier au Jardin d’Enfants de Nouakchott et des malles de jouets collectés grâce à votre générosité sont en partance au port de Marseille.
En France
- IRA-France reçoit pour un séjour de deux mois et demi Moussa Bilal Biram, militant d’IRA à Nouakchott. Il est accueilli à Cadenet par notre Président et son épouse, Jean-Marc et Marie Pelenc. Nous connaissons bien Moussa puisqu’il faisait partie des membres d’IRA arrêtés injustement en 2016, torturés en garde à vue, condamnés à une lourde peine de prison exécutée à Bir Moghreïn, dans le désert à plus de 1000 km de sa famille. Adopté comme prisonnier par Amnesty International et ACAT, il avait été l’objet d’une mobilisation internationale importante doublée d’un soutien local en Mauritanie. Nous lui avions écrit en prison, avions soutenu financièrement sa famille et étions intervenus auprès des autorités mauritaniennes et françaises. Libéré au bout de deux ans, il souffre de séquelles des tortures. Pour autant, il est toujours très engagé dans les actions d’IRA (manifestations, soutiens aux personnes victimes de discrimination, aux anciens esclaves) et a été récemment à l’initiative d’un dépôt de plainte pour torture auprès du Tribunal de Nouakchott. Nous l’avions longuement rencontré lors de notre mission en Mauritanie en janvier 2020. Il a prononcé son premier témoignage samedi 20 novembre à Sanary dans le Var lors du Rassemblement Régional de l’Acat où son témoignage fort mais sobre a profondément ému les adhérents présents Au cours de son séjour, il témoigne dans les groupes d’Amnesty International de plusieurs villes de Provence de son militantisme anti-esclavagiste et des tortures qu’il a subies, il rencontre les juristes de la Faculté de Droit d’Aix-en-Provence qui étudient la possibilité d’actions juridiques au niveau international si sa plainte pour torture n’aboutit pas en Mauritanie. Un témoignage-débat public aura lieu à la Faculté de Droit d’Aix-en-Provence le 13 décembre à 18h. Par ailleurs, Moussa met à profit ce séjour en France pour recevoir des soins médicaux rendus nécessaires par les séquelles des tortures qu’il a subies.
- Les militants parisiens d’IRA sont appelés à participer le 28 novembre à une manifestation organisée par un collectif d’associations pour honorer la mémoire et demander réparation pour les militaires pendus parce que noirs à Inal par l’armée mauritanienne lors de la fête de l’indépendance en 1990.
Toutes ces actions ont un coût et nos finances s’en ressentent assez lourdement ! Merci à celles et ceux qui pourront soutenir nos actions par l’envoi d’un don pour nous aider à dépasser ce passage délicat. Soyez assurés de notre engagement sans faille pour mettre en œuvre dans les meilleures conditions ces actions qui découlent des objectifs de notre association. C’est ensemble que nous faisons avancer nos valeurs d’humanisme et de solidarité !
Vous pouvez aussi nous soutenir en adhérant à l’association ou en faisant adhérer les personnes de votre entourage. Merci encore !
Le Bureau d’IRA-France-Mauritanie