Journée internationale des Droits de l’Homme

Table Ronde/ IRA FRANCE. Noisy le grand, le 10/12/2024

Les Haratins, l’IRA, l’UNPO et les Changements Géopolitiques Actuels

Mesdames et Messieurs, chers collègues,

C’est un honneur de m’adresser à vous aujourd’hui en tant que représentant de l’Organisation des Nations et Peuples Non Représentés (UNPO)

L’Organisation des Nations et Peuples Non Représentés (UNPO) est une organisation internationale non gouvernementale créée en 1991. Elle vise à offrir une plateforme aux peuples, nations, minorités et communautés marginalisées ou non représentées dans les institutions internationales, et souvent exclus des processus décisionnels nationaux et mondiaux. L’UNPO milite pour la protection des droits humains, l’autodétermination, la préservation des cultures et des identités, ainsi que la résolution pacifique des conflits auxquels ces communautés sont confrontées. Cette organisation, depuis sa création, a pour mission d’amplifier la voix des communautés marginalisées et exclues des processus décisionnels mondiaux. Aujourd’hui, je souhaite mettre en lumière l’histoire des Haratins en Mauritanie. Leur lutte pour la justice et l’égalité incarne les défis auxquels sont confrontés les peuples non représentés, tout en reflétant l’évolution des espaces civiques et des dynamiques géopolitiques mondiales.

En examinant le combat des Haratins afin de porter sa voix dans les institutions internationales , les defis auquels sont confrontes et les soutiens dont ils ont bénéficié, nous pouvons non seulement comprendre les enjeux de leur situation, mais aussi les implications plus larges pour la justice et la démocratie dans le monde entier.

Depuis des décennies, les Haratins se battent pour faire entendre leur voix face à une oppression systémique. En dépit de leur poids démographique – représentant environ 45 % de la population mauritanienne – ils demeurent marginalisés, victimes d’esclavage de facto, d’inégalités structurelles et d’exclusion politique. Cette lutte a pris une forme organisée avec l’émergence de l’Initiative pour la Résurgence du Mouvement Abolitionniste (IRA), fondée par Biram Dah Abeid, figure emblématique de la lutte contre l’esclavage et pour les droits humains en Mauritanie.

L’IRA s’est illustrée comme un acteur clé dans le combat pour mettre fin à la pratique de l’esclavage, qui persiste malgré son abolition officielle à plusieurs reprises (1905, 1961, 1981). Cependant, ce militantisme a souvent exposé ses membres à une répression féroce. Biram Dah Abeid a été emprisonné à plusieurs reprises sous des accusations fallacieuses, les autorités cherchant à étouffer les voix dissidentes et à limiter l’impact de son travail.

L’UNPO a joué un rôle crucial dans la mise en lumière de la situation des Haratins au niveau international. Depuis des années, nous avons collaboré étroitement avec l’IRA et d’autres organisations pour porter leur cause sur la scène mondiale, notamment auprès des Nations Unies (ONU), du Parlement européen et d’autres plateformes multilatérales.

Malgré ce soutien, les défis restent immenses. Les efforts visant à dénoncer les violations des droits humains en Mauritanie dans les plateformes internationales se heurtent à plusieurs obstacles :

● Barrières bureaucratiques : Les procédures complexes des institutions internationales limitent l’accès des militants, excluant des communautés comme les Haratins, souvent dépourvues de ressources.

● Tactiques d’intimidation : Les États autoritaires utilisent des stratégies d’obstruction et de pression pour bloquer les interventions des militants, transformant ces forums en lieux de contrôle.

● Culture de l’impunité : Les militants subissent harcèlement et répression transnationale, décourageant leur participation.

Ces défis sont exacerbés par la manière dont les régimes autoritaires manipulent les institutions démocratiques pour protéger leur réputation, comme en témoigne le scandale Qatargate.

Le scandale Qatargate, qui a éclaté en 2022, est une illustration claire de la manière dont des États comme la Mauritanie utilisent des moyens illégitimes pour protéger leur image internationale. La Mauritanie aurait payé environ 200 000 euros à des responsables du Parlement européen afin de réduire la critique de ses pratiques en matière de droits humains, notamment son maintien de l’esclavage et ses discriminations systémiques envers les Haratins.

Cette manipulation a des répercussions graves pour les Haratins. En empêchant une critique internationale honnête, le gouvernement mauritanien renforce son impunité et freine les efforts des militants pour faire avancer leur cause. Ce scandale illustre également un problème systémique : la vulnérabilité des institutions démocratiques face à l’influence autoritaire, qui affaiblit la confiance et nuit à la capacité des peuples marginalisés d’accéder à la justice.

Ces défis se déroulent dans un contexte de changements géopolitiques profonds, qui redéfinissent les relations internationales et les dynamiques de pouvoir. Ces transformations ont des implications directes pour les Haratins et d’autres communautés marginalisées.

1. L’Héritage de la Décolonisation :
Les Haratins subissent les conséquences des systèmes de gouvernance hérités du colonialisme, qui ont été conçus pour centraliser le pouvoir et exclure les majorités marginalisées. Cet héritage continue de façonner les structures politiques et économiques de la Mauritanie, renforçant les inégalités existantes.

2. Néo-Colonialisme et Dépendances Économiques :
Aujourd’hui, les relations économiques inéquitables et les dépendances vis-à-vis des puissances occidentales mais aussi de la chine et la russie, perpétuent des formes modernes de néo-colonialisme. La Mauritanie, en tant qu’alliée stratégique dans la lutte contre le terrorisme et acteur clé dans le secteur énergétique, est soutenue par des grandes puissances malgré ses violations flagrantes des droits humains.

3. L’Émergence de Nouvelles Puissances :
Des acteurs émergents, comme la Chine et les États du Golfe, intensifient leur influence en Afrique, ajoutant de nouvelles dynamiques de contrôle ou les investissements dans des secteurs par example de  l’énergie et les infrastructures renforcent cette dépendance tout en créant des opportunités limitées pour les Haratins.

4. Double Standards des Puissances Occidentales :
Les puissances occidentales, qui se positionnent comme défenseurs des droits humains, privilégient souvent leurs intérêts stratégiques. Le soutien de l’Occident à la Mauritanie, malgré ses violations systématiques, illustre ces contradictions, affaiblissant la crédibilité des démocraties.

L’histoire des Haratins est à la fois un avertissement et un appel à l’action. Elle montre que la justice et la démocratie ne peuvent prospérer dans un monde où les voix marginalisées sont étouffées et où les intérêts stratégiques prennent le pas sur les droits humains.

● Pour les Haratins, il est essentiel de créer des espaces sûrs pour leur permettre de plaider leur cause.

● Pour les institutions démocratiques, des réformes doivent garantir la transparence, la responsabilité et la résistance à l’influence autoritaire.

● Pour l’ordre mondial, il est temps de confronter les héritages coloniaux et de construire des systèmes équitables qui servent tous les peuples.

L’UNPO reste fermement engagée dans cette lutte, aux côtés des Haratins et de toutes les communautés non représentées. Ensemble, nous pouvons bâtir un avenir où chaque voix est entendue et où chaque communauté peut s’épanouir dans la dignité, l’égalité et la justice.

Merci.

Table Ronde IRA France, le 10/12/2024

L’intervention du député Biram DAH ABEID

Le 10 décembre 2024, jour d’amertume et de vérité Exposé, à Paris, du député et président de l’ONG IRA Biram Dah Abeid, lors de la table ronde du 10 décembre 2024, relative au thème des Droits humains en République Islamique de Mauritanie Malgré la propension de l’ex-puissance coloniale, la France, à faire de la Mauritanie, l’élève exemplaire de la coopération entre l’Europe et le Sahel – suivant les standards éthiques du Monde Libre – le pays reste largement gangrené par l’obscurantisme, l’arbitraire, l’ethnicité, le tribalisme ainsi que la déliquescence multidimensionnelle de l’administration publique et de la gestion de l’économie. L’esclavage et maints anachronismes hérités du Moyen-âge persistent et se reproduisent, sous l’affichage de la citoyenneté. L’école de la République et le droit foncier, notamment rural, prouvent la servitude plus ou moins directe dont souffrent 20% de Mauritaniens, étant entendu que la population totale atteint 5 millions de personnes. Le cheptel humain, comprend, exclusivement, des autochtones d’ascendance subsaharienne, c’est-à-dire différenciés, par l’origine ethnique et l’histoire, du groupe des anciens maîtres, tous arabes et berbères. Ces derniers perpétuent des lignages féodaux qui, en comparaison de l’ensemble des identités en concurrence, détiennent, encore, malgré leur minorité démographique plus de 90% des leviers du pouvoir de l’Etat, de l’économie, du commandement armé et de l’usage de la religion. La religiosité officielle sert aussi de ferment idéologique à la domination. Les enfants et petits-enfants de serviteurs, même émancipés par la loi, restent, de facto, dans la posture de mineurs, astreints aux travaux durs et indécents, parfois non-salariés. Beaucoup se plaignent de déscolarisation et s’exposent aux abus sexuels. Parmi eux, une majorité de travailleurs des terres agricoles ne bénéfice de la propriété sur le sol de leurs ancêtres. En dehors du milieu maure, le phénomène continue à prévaloir, sous des formes symboliques, au sein des sociétés négro-mauritaniennes. Ici, la progéniture des esclaves, désormais traitée en caste, ne saurait prétendre à des fonctions religieuses ni incarner le leadership local. Hélas, parallèlement à l’inflation des lois édictées et aux conventions ratifiées, l’immunité quotidienne des auteurs de crimes et délits liés à l’infériorité de naissance, demeure la règle. Il en résulte, d’ailleurs, le surpeuplement des prisons civiles, par des milliers Hratine, devenus, dès lors, la principale clientèle des prétoires et des cellules de réclusion. En revanche, dans les geôles de Mauritanie, il ne se rencontre, à ce jour, aucun responsable de pratique de l’esclavage et les coupables de violences sexuelles, parmi les maître et les hommes « bien nés », sur les filles esclaves ou anciennes esclaves, sont systématiquement relaxés et absous par les juges et officiers de police judiciaire. Le paradoxe s’explique, en partie, si l’on considère la mainmise, sur l’appareil d’Etat, des héritiers d’anciens maîtres. La partialité judiciaire des susdits se vérifie au travers de la composition de la magistrature et des forces de sécurité. Le système de prédation et de coercition repose sur des critères de solidarité dans la déformation, l’occultation, voire le blanchiment des infractions. Et tandis que se creuse, de jour en jour, la béance entre la loi et les actes, augmente, au même rythme, la promulgation de normes de pénalisation, malgré leur défaut d’application. La République islamique de Mauritanie est passée maitresse en dissimulation, déformation et contrefaçon, aux fins de se prémunir des critiques internationales. Hélas, des partenaires extérieurs, y compris des démocraties d’Occident, ferment les yeux et continuent de financer les politiques publiques dont découlent le racisme, l’extrémisme religieux et l’impunité des deux. Depuis des décennies, nous n’avons cessé de dénoncer de telles anomalies, en particulier auprès de l’Union européenne, des Etats unis d’Amérique, du Canada, du Japon et d’autres acteurs intéressés au développement du Sud global. Le succès de nos alertes tarde à marquer la réalité. La Realpolitik et le pragmatisme cynique rendent, notre voix, peu audible, auprès de nos alliés naturels. En dépit de nos efforts vers la transparence des données numériques et la publication de la vérité, les autorités refusent le principe d’une enquête indépendante sur l’esclavage et les discriminations induites. Les chiffres font peur au pouvoir et affolent les segments conservateurs sur lesquels il s’appuie car leur diffusion démontrerait l’ampleur des injustices et la vulnérabilité morale de leur fondement. En Mauritanie, la ségrégation selon la race ou la généalogie Mauritanie relève d’une politique décomplexée de l’Etat et des gouvernements depuis 1978, date de l’avènement du régime militaire. Les natifs d’ascendance non-arabophone, qu’ils soient locuteurs du Hassaniya (arabe dialectal) ou des langues africaines), vivent sous la menace concrète de l’ostracisme et de la marginalisation. Les langues Zenaga (berbères), Pulaar, Soninké, Wolof et Bambara, sont systématiquement combattues et en voie d’éradication au profit de l’arabe littéraire. Leur mise en sourdine favorise un ombrageux « nationalisme » anti-noir au cœur duquel enfle la concordance esprit jihadiste et chauvinisme arabophile. La prépondérance du fanatisme, négateur de la diversité culturelle, est le fruit de cette convergence, à l’origine des justifications religieuses de l’esclavage, pendant plus de 10 siècles. Le nettoyage saisonnier des différents corps civils, paramilitaires et militaires, visant à réduire la présence et le poids des éléments d’ascendance africaine, arrive au terme de son achèvement. Plusieurs officiers supérieurs vont à la retraite, dès la fin de décembre 2024 et, comble de brutalité, aucun noir (Hratine ou négro-mauritanien) n’est en position de pouvoir passer sur le tableau d’avancement pour obtenir le grade de général, lui permettant d’occuper un poste de commandement au sommet de la hiérarchie. La logique d’uniformisation, de compression et de formatage des identités constitue un enjeu de légitimité alternative à la démocratie. Aujourd’hui, en vertu d’une dynamique de rouleau compresseur, les Hratine sont catalogués Arabes, afin de neutraliser le potentiel subversif de leur démographie. Le système d’hégémonie tribale craint, d’abord, que leur revendication d’équité ne croise celle des autres noirs, issus des peuples autochtones de Mauritanie. Cette phobie est justifiée. Je vous confirme, à présent, que mes camarades abolitionnistes et moi, sommes en train de réaliser le cauchemar de nos adversaires, surtout grâce au concours de volontaires Maures, de plus en plus nombreux à rejoindre la lutte pour l’avènement de la République sociale, celle de l’égalité des chances, sous les seuls auspices du mérite. La discrimination et l’écrasement sont significatifs à l’intérieur des corps des magistrats, des officiers de police judiciaire, des administrateurs territoriaux et du personnel en charge du culte. Personnel quasiment composé d’arabo-berbères, ils incarnent l’assise humaine du statu quo et en assurent la permanence. Nombre de ces fonctionnaires, à l’image des écoles professionnelles qui les ont formés, ignorent, avec superbe et suffisance, les parlers en vigueur dans les régions du Sud du pays. Même les Hratine, pourtant assimilés par leurs maîtres, comprennent rarement et très partiellement l’arabe des livres et de l’éloquence. Bien entendu, ceux-ci, analphabétisme et tracasseries obligent, doivent se battre, à chaque étape de l’enrôlement biométrique, afin d’acquérir la nationalité puis la faculté formelle de voter. Des dizaines de milliers en sont toujours privés ce qui jette le discrédit rétrospectif sur l’honnêteté et la crédibilité des élections en Mauritanie. Par-delà l’esclavage traditionnel, je dois vous rappeler le sort réservé aux Négro-mauritaniens non hassanophones, après la tentative d’épuration ethnique de 1986-1991. Victimes de spoliations, de tortures, de déportations, de purges administratives, et de tueries de masse, ⁠ils continuent d’endurer les effets de la loi d’amnistie de 1993, qui soustraits, les tortionnaires, à la moindre poursuite devant un tribunal. L’enracinement de l’impunité ne cesse de susciter la récidive banalisée de bavures commises envers les citoyens noirs. Sous le bouclier de l’enseigne du nationalisme « arabe » local anti-noir alimenté par l’obscurantisme islamiste; ils sont la dénomination locale de l’asservissement. Le pouvoir du moment et ses prédécesseurs se livrent, en réalité, à une entreprise mécanique de pillage des richesses du pays. Il suffit de vérifier, par exemple, la liste annuelle des exonérations fiscales, des licences de pêches, d’extraction minière et d’exploitation du charbon de bois. Les conséquences désastreuses de la déforestation, de la destruction de la faune et de la flore et la disparition du corps des eaux et forêts attestent de la finalité mercantile d’une gouvernance qui privilégie la médiocratie et le nivellement par le bas. En conclusion, nous autres partisans d’un dépassement radical face aux dégâts du racisme, renouvelons, cependant, notre disponibilité à envisager des solutions de pédagogie et de consensus, loin de l’esprit de revanche et fort à l’abri du ressentiment mémoriel. Nous voulons la paix, à l’ombre de la justice, parce que nous avons définitivement adopté la non-violence. La paix dans l’iniquité ne nous convient pas et nous ne saurions l’accepter, indéfiniment. Aucun peuple sur terre ne consent à vivre et mourir en état de résignation. Je vous remercie.

Mauritanie : Esclavage, discrimination sexiste et déni d’humanité

Note de suivi judiciaire

Dans une déclaration publiée le 19 septembre 2024, l’Ira dénonçait le viol d’une mineure, descendante d’esclave, Asma Ethmane. La défloraison sous contrainte est intervenue à Guérou, localité de la région de l’Assaba, située à 550 km de Nouakchott, la capitale. Après que le procureur Mohamed Mokhtar Vall Didi Brahim a refusé d’instruire la demande de réparation, Ethmane, père de la victime, sollicita le soutien de notre organisation. L’affaire fut portée, une seconde fois, devant le même édile mais ce dernier s’abstint de poursuivre la famille influente de Yahya Wathegh Beitar. Pourtant, l’auteur présumé a été formellement dénoncé par Asma, malgré les menaces de son employeuse, Khadijetou Nagi Taghi, tante du susdit.

L’Ira, partie civile au litige, initiait un recours, le 03/09/2024, auprès du parquet de Kiffa. Le 10 du même mois, le dossier est transmis au commissariat de Guérou. Le 20 septembre, à 18 heures, la police du lieu-dit rouvre l’enquête, et convoque Khadijetou Nagi Taghi, Yahya Wathegh Beitar, le représentant de l’Ong et Asma. 

Le commissaire, Mohamed Lemine Ahmed, nouvellement nommé à Guérou, écoute les parties, avant la signature des procès-verbaux d’audition. A 23h, il procède à la libération des protagonistes et leur fixe rendez-vous, à 10h, le 23/09/2024, dans les locaux du tribunal de Kiffa. Au jour prévu, le violeur et ses parents arrivent, à 13h, à bord de véhicules personnels, avec l’appui bruyant d’un renfort de leur tribu, comme il est d’usage dans le milieu des anciens maîtres d’extraction arabo-berbère, dès qu’un conflit les oppose à leurs ex-serviteurs d’origine subsaharienne. Quand ils s’expriment aux abords du prétoire, le vacarme et la démonstration de solidarité constituent un moyen de pression sur des chambres de première instance – déjà partiales – dont la composition mono-ethnique entretient la conservation du statu quo. Ainsi se perpétue, sous la chape d’une occultation collective, la jurisprudence de l’impunité, au profit des tortionnaires.

Mauritanie : Exploitation et viol de mineure, descendante d’esclaves

Note d’information, septembre 2024

Victime : Asma Ethmane née en 2007

Son père : Ethmane Abd Val de la tribu des Deguejmola

Receleuse et exploiteuse : Khadijetou Nagi Taghi de la tribu des Lemtouna

Auteur présumé du viol : Yahya Wathegh Beitar, de la fraction Rmadhine, tribu Tejekanet, neveu de Khadijetou  Nagi Taghi

En 2017, Khadijetou Nagi Taghi a sollicité, de la famille de Hratine, Ehl Ethmane, l’accord à la location de leur fille Asma, pourtant mineure, en qualité de domestique.  L’enfant sera convoyée, de la capitale Nouakchott, son lieu de résidence, vers la ville de Guérou, située à 550 km, dans la région de l’Assaba. La future employeuse a usé de tous les arguments aux fins de persuader les parents de Asma, leur promettant de bien s’occuper d’elle, de la ménager et chérir comme sa propre progéniture.

Ethmane, le père, continuait, pendant quelques mois, à prendre des nouvelles de sa fille, par une correspondance assidue avec Khadijetou. Ensuite, le lien s’interrompit, sans annonce ni explication. A titre rétrospectif, il découvrira que le temps de la rupture correspondait à la période où Yahya Wathegh Beitar s’adonnait au viol récurrent de Asma. Celle-ci s’en est plainte à Khadijetou Nagi Taghi, en vain. La dame rabroua la plaignante. Ainsi camouflé, le forfait ancillaire du neveu se poursuivait. Une grossesse s’ensuivit.

Le 23 octobre 2023, Asma revint chez elle, à Nouakchott. Sa famille, la croyant atteinte d’aérophagie (Nvakh, en hassaniya, le dialecte dominant) s’empressa de la conduire dans un centre de santé. Là, les siens apprirent qu’elle était enceinte. Asma, désormais pleine des œuvres de Wathegh, finit par raconter, en détail, sa mésaventure et la connivence de son employeuse.

En dépit du désarroi et de la honte, Ethmane tenta d’entrer en relation avec la tante du transgresseur, sans succès. Cependant, le frère de Khadijetou Nagi Taghi, dénommé Siyam, alla voir Ethmane et lui proposa un arrangement à l’amiable : moyennant une somme d’argent, en guise de compensation et pour solde de tout compte, le scandale se dissiperait. Le père de Asma opposa, aussitôt, un refus définitif.

Le 17 décembre 2023, Ethmane se rendit à Kiffa et y déposa une récrimination légale, auprès du procureur Mohamed Mokhtar Vall Didi Brahim, lequel n’a pas jugé utile de donner suite à la requête. Découragé et fataliste, le requérant se résigna, avant de se raviser puis de requérir le soutien de l’Ira.

A l’accouchement, le bébé apparut de teint clair, comme son père biologique, à la différence de la jeune maman (images jointes). Le 3 septembre 2024, l’Ira saisit le procureur de l’Assaba, Mokhtar Cheikh Ahmed. Le 10 du même mois, le magistrat décide d’instruire le dossier, à présent confié au commissaire de police de Guerou. Ce dernier, alors en tournée avec le Gouverneur, a été muté ailleurs. Le remplaçant tarde à regagner son poste…

A ce stade, Ira n’a enregistré aucune suspicion de déni ou d’occultation, par les autorités du moment, bien à rebours des dénonciations antérieures, en matière de lutte contre l’esclavage et les pratiques sexuelles associées.

Nouakchott, 19/09/2024

Commission de l’Information

Quelques jours après l’élection présidentielle

Kaedi n’a pas été la seule ville  à subir des arrestations massives suivies de disparitions et d’une répression sanglante  mais il a fallu quelques jours et le rétablissement d’internet pour que les chiffres en soient connus .

Bilan établi par Biram Dah Abeid :
1500 personnes environ ont été arrêtées par la police et la gendarmerie au cours des manifestations : plusieurs centaines de personnes à Nouakchott, 300 à Nouadhibou et autres villes de la vallée, 200 à Sélibaly et 70 dans le Gongol et le Brakna auxquelles il faut ajouter les arrestations de Kaedi. Selon une information du Cridem, la plupart de ces personnes ont été libérées  le 8 juillet (sauf les étrangers), lorsque le calme a été rétabli dans le pays.

7 morts à Kaédi dont:
Abass NDIAYE
Ghassoum OULD BRAHIM
MOHAMED
Amadou DiOBEL dit Mbaré
Harouna Mody DIALLO
Aliou Issaga BÂ

Certains sont décédés dans le commissariat sous la torture, d’autres à l’hôpital, nous n’avons pour l’instant que 6 noms.

Rien ne peut justifier la vague de violence et de répression qui s’est abattue sur la ville à la suite de la manifestation des jeunes exprimant leur joie devant les résultats obtenus par leur candidat Biram Dah Abeid. Les forces de l’ordre se sont livrées à une véritable chasse à l’homme dans les rues et jusque dans les maisons.

Le Collectif des Anciens tenus Politiques Victimes de la Torture a déclaré que les manifestants ne s’étaient pas attaqués aux forces de l’ordre, qu’il n’y avait eu ni pillage ni attaque de biens publics ou privés contrairement aux affirmations des autorités qui ont tenté de justifier leurs actes par des allégations de violences et de troubles graves à l’ordre public.

Réaction des Mauritaniens de la diaspora :

Kaédi, ville martyre

Communiqué – Suites de l’élection présidentielle en Mauritanie

Dans la ville de Kaédi, située dans la vallée du fleuve Sénégal, à plus de 400 km de la capitale , une manifestation pacifique de jeunes gens favorables à Biram Dah Abeid a été réprimée avec la plus extrême violence par des forces de l’ordre lourdement armées. Les manifestants qualifiés d’émeutiers par les autorités alors qu’ils n’étaient pas armés, ont été poursuivis dans les rues de la ville, de simples passants ont été arrêtés également et même des personnes ont été enlevées dans leur maison. Le nombre d’arrestations, plus de 300, peut-être près de 1000 est difficile à évaluer, la ville étant privée d’internet.

Kaedi pleure ses enfants.
De nombreux jeunes arrêtés et emmenés dans le commissariat ont subi tortures et mauvais traitements. Deux d’entre eux sont décédés dans les mains de la police, dans les locaux même du commissariat, un troisième à l’hôpital et on apprend à ce jour le décès d’un quatrième.

Biram Dah Abeid est venu soutenir les familles et présenter ses condoléances. Sous la pression des mandataires du pouvoir et de certains marabouts, les parents ont été contraints de procéder immédiatement aux obsèques afin d’empêcher des autopsies et d’interdire toute possibilité d’enquête qui auraient pu déterminer la cause exacte du décès.

Mais justice doit être faite, ces jeunes gens sont décédés dans un commissariat, toutes les personnes présentes sont responsables, doivent être traduites en justice et répondre de leurs actes. Les coupables ne resteront pas impunis .

Le candidat Gazhouani avait fait de la jeunesse une priorité de sa campagne.

                                   Qu’en pensent les jeunes Mauritaniens ?

Mauritanie : Résultat de l’élection présidentielle

Le résultat de l’élection présidentielle est maintenant connu, le président Ghazouani est réélu  avec 56% des voix, sans surprise lorsqu’on sait qu’il avait déclaré qu’il ne laisserait pas la gouvernance de son pays à d’autres mains que les siennes. Tout était en place pour qu’il en soit ainsi.

Une élection très encadrée
L’ensemble du processus électoral était sous la responsabilité de la Commission Electorale Nationale Indépendante contestée par l’ensemble des candidats  pour son absence d’indépendance( ses membres ont été nommés par le président puis cooptés ).
Dans une conférence de presse du 1er juillet Biram Dah Abeid, chef de la coalition anti-système qui a lui même obtenu 22,54 % des voix a rejeté les résultats des élections promulgués par la CENI, menaçant de descendre dans la rue. Une brève manifestation de jeunes a eu lieu à Sebkha, le ministre de l’intérieur s’est félicité  d’avoir maté la rébellion et ramené le calme. 

Le rôle de la CENI
Rappelons tout d’abord que la CENI n’avait autorisé qu’un seul bureau de vote par continent et que certains  mauritaniens de la diaspora n’ont pu exercer leur devoir électoral  du fait de l’éloignement. A quelques jours du scrutin, des bureaux de vote ont été fermés dans des lieux supposés favorables à l’opposition si bien que l’on peut se demander si les autorités n’ont pas cherché à éliminer certains électeurs .
Le 23 juin dernier, la coordination des mandataires des candidats de l’opposition démocratique, refusant le monopole exercé par la CENI  avait proposé des mesures dans le but de garantir la transparence et la régularité des élections, mesures refusées .
Durant la journée de samedi les états majors de campagne de trois candidats ont signalé diverses anomalies au cours des opérations de vote en plusieurs lieux : des cartes utilisées jusqu’à quatre fois,  ailleurs,  certains citoyens n’ont pu voter, leur carte ayant déjà servi . Des témoins ont rapporté également que des personnes avaient reçu de l’argent et des bulletins de vote de la part des autorités, certaines se sont vu promettre des faveurs en échange de bulletins de vote,  d’autres se sont plaintes de menaces .
Des membres de partis d’opposition ont pu attentivement surveiller le déroulement du scrutin mais d’autres ont été expulsés des bureaux de vote (à Akmi par exemple, commune d’Ain Ahl Taya).   Des vérifications sont en cours actuellement pour comparer les listes d’électeurs et le nombre de votants dans certains villages.
La CENI a été informée de ces comportements  graves compromettant l’équité des résultats.

Le jour d’après : arrestation des leaders de la campagne
Lundi, le directeur de campagne de Biram Dah Abeid , M Yacoub Ould Lamrabott, a été arrêté brutalement par la police et emmené dans un lieu inconnu, tout comme M. Bakary Tandia, directeur exécutif du conseil des présidents qui a disparu depuis plus de 48H. Ainsi les deux leaders de la campagne du candidat Biram Dah Abeid sont actuellement disparus et  le siège de la coalition  pour le changement est   investi par les forces de l’ordre.
Biram Dah Abeid, mettant en doute la crédibilité des chiffres publiés par les membres de la CENI qu’il accuse d’être partisans de Mohamed Ould Ghazouani dénonce un coup d’état électoral.

The Mauritanian Network for Human Rights appelle les pays de l’Union Africaine , les U.S.A., la Fédération de Russie, les pays de l’Union Européenne, les pays de la Ligue Arabe, à ne pas féliciter un candidat qui n’aurait pas été choisi par le peuple mauritanien à travers un processus électoral libre et équitable.

Et maintenant ? (4 juillet)

Arrestations, tortures et décès dans un commisariat.
Plus de 300 personnes ont été arrêtées dans différents quartiers de Nouakchott et à Nouadhibou au cours de troubles post-électoraux ayant suivi l’annonce de la victoire du président Ghazaoui. Les forces de police et de gendarmerie lourdement armées ont réprimé les manifestations pacifiques avec la plus grande brutalité.
A Kaédi, ville martyre, une manifestation pacifique de jeunes, trompés par une fausse nouvelle de la victoire de Biram et exprimant leur joie a été sauvagement réprimée, suivie d’une chasse à l’homme jusque dans les maisons.
A la suite de leur arrestation deux jeunes gens d’une vingtaine sont morts sous la torture dans le commissariat et un autre à l’hôpital. Ces décès doivent absolument faire l’objet d’enquêtes et ne doivent pas rester impunis car il s’agit d’assassinats. Deux membres des forces de l’ordre ont été blessées également.
Les directeurs de campagne ont été libérés (pourquoi avaient-ils été arrêtés?) .

Reprise de la vie politique
Alors que certains candidats reconnaissent la victoire de Ghazaoui, Bira Dah Abeidm  persiste dans son refus et  relève les anomalies qui ont marqué le déroulement du scrutin et abouti à des résultats frauduleux : procès verbaux falsifiés,  plus de votants que  d’inscrits, mais aujourd’hui il faut aussi analyser  des méthodes beaucoup plus sophistiquées  permettant de fausser des résultats, ce qui prendra du temps.
Au cours d’une conférence de presse Biram Dah Abeid a exprimé son étonnement devant une telle flambée de violence de la part d’un président  victorieux et s’interroge pour savoir qui est le véritable  dirigeant de la Mauritanie : le ministre de l’Intérieur ou le président ? 

 La volonté normale de   vouloir maintenir  l’ordre public ne doit pas faire oublier que manifester pacifiquement  est un droit constitutionnel et que rien ne justifie la brutalité des forces de l’ordre armées devant  des personnes sans armes et encore moins l’assassinat de trois jeunes gens dans un commissariat.

à lire aussi sur le sujet : https://www.france24.com/fr/afrique/20240703-contestation-post-%C3%A9lectorale-en-mauritanie-trois-morts-%C3%A0-la-suite-d-%C3%A9meutes

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/07/03/en-mauritanie-trois-morts-a-la-suite-d-emeutes-sur-fond-de-contestation-post-electorale_6246425_3212.html

              Election présidentielle du 29 juin

Des nouvelles de la campagne électorale
Le 29 juin prochain les Mauritaniens éliront leur président de la république, tous les membres d’IRA suivent avec la plus grande attention cette campagne  avec l’espoir de voir parvenir leur président d’honneur Biram Dah Abeid au siège suprême. Cette situation bien particulière ne doit pas faire oublier que l’association n’est pas un parti politique mais avant tout une association de défense des droits humains et se doit à ce titre de rester vigilante devant le déroulement de la campagne sachant que les institutions chargées de l’organisation des élections sont verrouillées, du conseil constitutionnel à  la Commission Electorale Nationale Indépendante constituée de militants du parti.

Le Président sortant et candidat à sa propre succession promet de ne pas laisser le pouvoir en d’autres mains que les siennes.

Incidents avant la campagne
Le gouvernement en place avait, dès le départ, manifesté sa volonté d’enrayer tout ce qui pouvait conduire Biram Dah Abeid et la coalition Anti-système à la réussite.

Après une  tentative inaboutie pour retirer à Biram son immunité parlementaire et l’exclure de la liste des candidats, un autre incident a eu lieu le12 mai dernier.  Mariem Mint Cheikh, députée de l’opposition, était arrêtée et incarcérée à la suite d’une dispute avec des membres du parti INSAV qu’elle avait surpris en train d’acheter des cartes d’électeurs.

Sélection  des électeurs ?
Que penser de la décision de la CENI ou plutôt du Ministère des Affaires Etrangères de n’ouvrir qu’un bureau de vote par continent, empêchant ainsi un grand nombre de Mauritaniens de la diaspora d’exercer leur droit de vote, et plus récemment de la fermeture soudaine d’une centaine de bureaux de vote dans des lieux supposés être favorables à l’opposition ? Mesure qui a soulevé la colère des électeurs bien qu’ils soient autorisés à s’inscrire dans d’autres bureaux de vote, ceux-ci étant parfois situés  à des centaines de kilomètres de leur domicile.

9 juin, jour du lancement officiel de la campagne
Depuis ce jour, les forces armées se  livrent à une démonstration de leur puissance à Nouakchott, lançant leurs camions, toutes sirènes hurlantes dans les avenues de la capitale. Une manière d’effrayer et de dissuader les électeurs de l’opposition et de montrer peut-être qu’une confiscation des suffrages serait possible. Certains y  voient une agitation de vaincus. Maitre Abou Kalidou  N’Diaye, directeur du directoire de la campagne du candidat de l’opposition a rassuré ses compatriotes : « Ils ne tireront pas, n’ayez pas peur…nous sommes des gens de paix et voulons une compétition pacifique » .

La campagne étant lancée, au cours des dernières semaine, les candidats ont multiplié les meetings. Biram Dah Abeid, a mené sa campagne de son côté, allant à la rencontre des électeurs, prononçant de nombreuses allocutions et développant son programme devant une foule toujours plus nombreuse et enthousiaste.

12 juin à Kaedi meeting de la coalition antisystème
La ville s’était préparée à accueillir le cortège du candidat Biram Dah Abeid mais les autorités en ont décidé autrement et ont bloqué les artères de la ville empêchant l’accès au lieu du meeting.
Les jeunes motards qui précédaient le cortège ont été arrêtés. Malgré ces difficultés le public est venu nombreux et à l’heure du  coucher du soleil la population de Kaedi a acclamé Biram Dah Abeid exprimant ainsi sa volonté de changement à la tête du pays.

En France, la campagne de la diaspora
Les Mauritaniens de la diaspora ont appris avec déception et indignation qu‘il n’y aurait qu’un seul bureau de vote par continent excluant un grand nombre d’électeurs de la possibilité de voter. Une pétition a tourné afin de tenter d’obtenir davantage de bureaux. Le député de la diaspora mauritanienne en Europe, Issa Diawara, sollicité sur cette injustice a déclaré que c’était à la CENI de décider du nombre de bureaux. Réponse mensongère qui n’a trompé personne : c’est le gouvernement qui décidé d’exclure du nombre des votants une partie de la diaspora pour favoriser le candidat du pouvoir.

29 mai
Le président Ghazoui a été reçu à l’Elysée par le président Emmanuel Macron. Une réception qui passe pour un  soutien inconditionnel de la France au président sortant.

21 juin
En réponse à cette ingérence, un sit-in a été organisé par les Mauritaniens de la diaspora a proximité du ministère des affaires étrangères au 37 quai d’Orsay.

22juin
Meeting de la coalition Antisystème qui soutient Biram Dah Abeid en présence de Maître Abou Kalidou N’Diaye, directeur du directoire de la coalition en Europe.

Biram Dah Abeid a prévu de terminer sa campagne dans la capitale à Nouakchott les 28 et 29 juin.             

Nos vœux l’accompagnent.

Lien externe :
Interview de Biram Dah Abeid sur RFI